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Refondation de l'école: les dindons prennent la parole!
6 novembre 2012

Et les RASED M. le ministre ?

Par un dindon parmi d'autres

 

Lettre envoyée par un dindon Rased au ministre, merci pour le partage.

 


 le 19 octobre 2012


Une Enseignante spécialisée
Rééducatrice en RASED
                                                                                   à         Monsieur PEILLON
                                                                                          Ministre de l’Education Nationale
Objet : L’avenir des RASED en question.

 

Monsieur le Ministre de l’Education Nationale,


Je me permets de vous envoyer directement ce courrier afin de vous alerter sur le sort des RASED et plus précisément sur le sort des rééducateurs, ces enseignants spécialisés dont je fais partie.


Les RASED sont à nouveau absents du texte qui vous a été envoyé sur la refondation de l’école, et dont le sort semble soumis à un « rapport de l’Inspection Générale » … Les contributions de L’AFPEN (Association Française des Psychologues de l’EN), la FNAME (Fédération Nationale des maîtres E) et de la FNAREN (Fédération Nationale des Associations des Rééducateurs de l’EN) n’ont pas été suffisantes ou entendues…


Pourquoi ce silence ?


Personne ne vient sur le terrain voir notre travail, les fruits de notre mission. Pourtant nous, enseignants spécialisés, sommes formés par l’Institution. Nous sommes évalués (au moins au niveau de notre département auquel nous devons rendre des comptes). Depuis bien longtemps, nous sommes la cible privilégiée des suppressions de postes, plus particulièrement depuis 2008 où les postes de RASED ont diminué de moitié … nous n’avons plus aucune formation continue, la formation initiale de rééducateurs a disparu….et pourtant je ne me résigne pas à voir mon métier disparaître. Je ne supporte pas ce silence qui ressemble à une « mise au placard ».
Je suis convaincue que mon travail a sa place et porte ses fruits auprès d’élèves en difficulté scolaire. Je ne suis pas une conseillère pédagogique. Je travaille au quotidien avec des enfants qui ne peuvent accéder aux apprentissages, des élèves en souffrance, violents parfois, en « décrochage »…qui avec l’aide rééducative et pédagogique peuvent accéder à la représentation et à la symbolisation afin de devenir élèves.


Je travaille au sein d’ une équipe composée de trois enseignants spécialisés : le psychologue scolaire, l’enseignant chargé de l’aide à dominante pédagogique et le rééducateur chargé de l’aide à dominante rééducative. Ces trois spécialités permettent de croiser les regards sur les difficultés des élèves, permettent des rencontres fréquentes et riches avec les familles de ces élèves, permettent parfois d’aider les enseignants à changer de regards sur ces élèves quand la relation devient difficile.


Le R.A.S.E.D travaille au sein des écoles, intervient sur le temps scolaire de l’enfant, c’est aussi une aide gratuite pour les familles.
Depuis mon entrée dans l’Education Nationale en 1988, j’ai travaillé auprès d’élèves en grande difficulté scolaire en S.E.G.P.A d’abord, en classe d’adaptation et depuis 2001, dans un R.A.S.E.D complet en milieu rural. Aujourd’hui, sur notre antenne de circonscription, nous intervenons dans 14 écoles pour un total de 3600 élèves environ. Etant la seule rééducatrice, je ne peux évidemment pas répondre à toutes les demandes des enseignants…Je ne peux travailler que sur 9 écoles, avec une cinquantaine d’enfants par semaine. Il y a des écoles qui ne me voient pas de l’année, des collègues insatisfaits, mécontents. Notre travail souffre de cela aussi. Nous ne sommes pas assez nombreux, peu reconnus et parfois très peu soutenus par l’Institution.


La difficulté scolaire est alors « renvoyée » sur l’extérieur, le secteur médical (MDPH) ou psychologique aux frais des familles. Je ne remets pas cela en question cela, je pense que certaines difficultés ne relèvent pas que du « médical » ou du « psychologique » mais qu’elles peuvent aussi être résolues dans l’école par un tiers. C’est ce rôle que nous, enseignants spécialisés, tenons et que nous devons continuer à tenir dans l’école. Se priver de l’aide des RASED c’est se priver d’une aide spécialisée dans le service public.
En relançant la formation initiale et en créant des postes en nombre suffisant pour couvrir toutes les écoles maternelles et élémentaires, les enseignants des RASED pourraient continuer à prévenir le décrochage et les violences scolaires, aider à réduire les difficultés scolaires, favoriser le lien entre l’institution familiale et l’institution scolaire, aider à la scolarisation des tout petits en maternelle, établir des liens entre l’école maternelle et le CP, entre le CM2 et le collège.


Je me permets de vous demander de prendre en considération mon témoignage et de veiller à ce que le sort des RASED ne soit pas réduit à une gestion économique. Des enseignants spécialisés sont en poste, formés à la difficulté scolaire et ils ne demandent qu’à continuer, en nombre suffisant, leurs missions auprès de tous les élèves des écoles primaires du service public.


En vous remerciant à l’avance pour l’attention que vous porterez à mon témoignage et à la grande inquiétude qui m’a conduite à vous écrire, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, l’expression de mes respectueuses salutations.

 

                                                                              une rééducatrice en RASED

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Commentaires
K
Les RASED et l'enseignement spécialisé sont pillés depuis des années. Que dire des IME, Segpa, ITEP et Clis, trop peu dotés pour accueillir tous les élèves qui en relèvent ? Il est tant de remettre vraiment des moyens sur le handicap et l'adapté. L'adapté notamment est devenu un no-man's land où on recueille, non plus des élèves en grande difficultés scolaires, mais des élèves qui très souvent ne relèvent pas de l'adapté, ou qui aurait pu continuer leur cursus en général s'ils avaient été suffisamment pris en charge dans le primaire. De plus les collègues de primaire ont souvent une vague idée de ce qu'il se passe dans ces structures et qui on doit y envoyer (au secours : formation !). A cela s'ajoute le manque de place : on oriente un élève soit en Ulis, soit en Segpa par exemple, ce qui n'a rien à voir, mais il faut prévoir si il n'y a pas de place. Ces élèves sont devenus des pions à placer et on ne prend pas en compte leur besoin spécifique. Quel dommage, quel gâchis.
D
et surtout les plus fragiles, pauvres.... et j'en passe!
D
Pour rebondir sur l'externalisation de l'aide concernant nos élèves en difficultés, elle n'est, de plus, pas toujours possible.<br /> <br /> L'an passé, le centre de soins de ma circonscription était saturé ( pas loin de 100 élèves en liste d’attente et demande du centre pour que le personnel RASED temporise)... <br /> <br /> Sauf que les Rased fonctionnent eux aussi en sous effectifs.......<br /> <br /> Et en zone sensible, quasiment impossible de demander aux familles d'aller consulter dans le privé...<br /> <br /> <br /> <br /> Encore une fois, les premiers à en pâtir, ce sont les élèves...<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour votre lettre...
D
Lettre très juste .... mais Mr Le Ministre la t-il seulement lu ?
Refondation de l'école: les dindons prennent la parole!
  • Pour la refondation de l'école, on ne nous demande pas notre avis... tant pis, nous , enseignants de l'école primaire on le donne quand même. Sur cette page, vous trouverez des articles parlant de la refondation, des liens, des avis, des actions...
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