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Refondation de l'école: les dindons prennent la parole!
16 février 2013

Les dindons écrivent au ministre de l'Education Nationale

Précisions importantes :
Ce document émane du petit groupe de personnes qui est très actif au sein du collectif des dindons. Ce sont 9 personnes (parmi les 16 000 qui se sont retrouvées dans notre pétition et tous les autres qui nous soutiennent) qui ont conçu et validé cette lettre parce qu'elles s'y retrouvent, ce sont en très grande majorité les rédacteurs du blog. 
En aucun cas, nous n'avons prétendu que nous étions représentatifs de qui que ce soit et loin de nous cette idée. Qui pourrait  d'ailleurs dire qui sont, combien sont et que pensent ceux qui se sont auto-baptisés "Dindons". La concertation est une obligation pour le décideur pas pour ceux qui participent ....
Nous ne sommes que des participants à une véritable concertation du terrain que nous appelons de nos voeux.
 
Personne n'empêche d'autres collectifs anonymes ou non, d'autres personnes à titre individuel de concevoir des propositions et de les envoyer au ministre ...au même titre que nous. D'autres l'ont déjà fait sur leurs blogs personnels avec un nom d'emprunt ou sous leur vrai nom. Personne ne leur reproche de ne pas s'être concerté avec ...d'autres PE (Et bien heureusement d'ailleurs).
Nous pouvons même ouvrir une page du blog réservée à ça : Et vous la refondation comment la voyez-vous ?.
La concertation, c'est aussi ça : chacun conçoit son projet idéal et le propose : le ministre décide dans le cadre de négociations avec les syndicats élus en tenant compte éventuellement  ou pas de toute proposition ou idée  du terrain (La nôtre étant une parmi d'autres) qu'ils auront jugée pertinente.
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Monsieur le ministre de l’Education Nationale,

Plusieurs lettres ouvertes vous ont été envoyées de la part d’enseignants membres du collectif des dindons. Vous sont-elles parvenues ? Nous sommes en droit d’en douter vus les propos que vous avez tenus récemment à notre égard :

       Le 8 février devant une assemblée d’IEN, DASEN et recteurs. Extraits du compte-rendu qu’en a fait  le Café Pédagogique :

        Cela ne l'a pas empêché de s'en prendre aux "dindons", un collectif d'enseignants hostile à la réforme, jugeant "inacceptable" l'image qu'ils donnent du métier.  Mais le ministre demande aux inspecteurs de débattre pas de réprimer. "

       Le 13 février sur France-Culture :

-           « mouvement des dindons,…, certains enseignants parlent ainsi mal d’eux-mêmes quand ils se traitent de dindons »

Nous souhaitons tenter de porter une nouvelle fois à votre connaissance nos revendications :

-          Notre collectif est composé de membres qui ont une très haute idée de leurs fonctions et sont sincèrement engagés depuis des semaines dans la défense de notre école républicaine, égalitaire, donnant à chacun les mêmes chances de réussite, en mettant de côté les questions relatives à leurs conditions de travail et leurs salaires (dont nous ne contestons pas la légitimité mais sans oublier les difficultés actuelles pour y remédier)

 -          Notre collectif s’est constitué autour de l’idée que nous ne pouvions accepter la réforme des rythmes scolaires définie par ce décret où l’intérêt des enfants, pourtant mis en avant, avait disparu. Les acteurs du monde éducatif sont prêts à consentir des « efforts » si tant est que les objectifs affichés en termes d’intérêt de l’enfant ne soient pas que des mots. C’est en ce sens que nous nous sommes sentis « les dindons d’une triste farce », les premiers « dindons» étant d’ailleurs les enfants. Ce volatile dont nous avons fait notre emblème traduit aussi notre sens de l’humour et notre souhait d’éviter de sombrer dans la morosité.

 -          Notre collectif, apolitique et hors syndicat,  a ouvert un blog devenu espace de paroles pour tous ceux qui comme nous se désespèrent des conditions d’apprentissage actuelles de l’école républicaine, en dehors de toute idéologie. Il connaît le succès que vous savez. N’est-ce pas le signe d’un malaise dont il faut absolument tenir compte ?

 -          Notre collectif, souvent taxé à tort de conservatisme, est au contraire ouvert à tout changement positif et réaliste tenant compte des contraintes que nous vous exposons dans ce courrier (sur les rythmes aucun dogmatisme : nous ne sommes ni contre le mercredi, ni contre le samedi, ni contre des vacances écourtées ou repensées).

 

Concernant plus précisément la réforme des rythmes, nous partons des postulats suivants :

-          La qualité du temps passé à l’école est plus importante encore que sa répartition dans la journée, la semaine ou l’année. Cependant, cela n’exclut pas une réflexion à venir sur ce temps, sa longueur et sa répartition une fois les problèmes majeurs de l’école résolus.

 -          L’organisation sociétale dans notre pays oblige un grand nombre d’enfants à passer du temps en collectivité pour les heures jouxtant le temps scolaire.

-          Les enfants en général, mais plus encore ceux en difficultés, ont besoin de temps pour apprendre. Les apprentissages nécessitent en effet des temps de maturation, de retour en arrière, de stabilisation pour être pérennes.

 -         Le monde de l’animation n’est pas aujourd’hui en mesure de fournir des personnels qualifiés en nombre suffisant pour répondre aux besoins créés par la réforme des rythmes et les communes, rurales notamment, auront des difficultés à trouver des personnels acceptant de travailler sur des créneaux de 45 min/ jour.

 -        En outre, 6 heures d’école pour un élève seraient-elles plus fatigantes face à son professeur, que 5 heures suivies (ou entrecoupées) d’1 heure avec un animateur ?

Parmi les compétences du professeur des écoles figure sa capacité à organiser la journée de façon à proposer les matières à fort investissement cognitif aux moments où ses élèves (qu’il connaît bien)  sont le plus disponibles. Or, ces moments peuvent varier d’une semaine à l’autre, d’une classe à l’autre, d’une saison à l’autre  …

 

Nous aimerions que les points suivants constituent une nouvelle base de réflexion à une refondation de l’école :

-           Un retour à  26H hebdomadaire d’enseignement (ou plutôt 25 H  ¾ dans notre proposition mais avec une diminution d’une journée et demie des congés d’été on pourrait passer à une moyenne de 26h). C’est en partie  de cette erreur commise par un de vos prédécesseurs et qui a consisté à retirer 2h d’enseignement par semaine à tous les élèves que découlent les difficultés de rythme actuelles, bien plus encore que du passage à 4 jours. Il s'agit de redistribuer les heures des enseignants en allégeant le côté administratif de leur travail et en leur redonnant du temps face aux enfants.

 

-          La possibilité de dédoubler les classes pour certains apprentissages (lecture orale, manipulations en mathématiques, expérimentations en sciences ou expression orale en anglais …) en s’appuyant sur la partie formation pratique des futurs stagiaires des ESPE mais pourquoi pas aussi en lien avec les universités (sciences, sport, langue, arts…)

 

-          Des programmes repensés pour permettre que les apprentissages fondamentaux soient mieux répartis au cours du cursus scolaire des enfants. Il faut donner le temps nécessaire à chacun  pour que s’installent de manière pérenne et durable ces fondamentaux.

 

-          4 journées de 6H  + une demi-journée supplémentaire de 3H30 (qui pourrait être le mercredi mais de préférence le samedi matin ) une semaine sur deux avec un  effectif maximum de 24 élèves aux cycles 1 et 2,  25 au cycle 3 , 20 pour une classe double niveau en cycle 2 , 22 pour une classe double niveau en cycle 3.
Ces effectifs étant établis comme des  seuils maximum réels par classe et non une moyenne.

Et si nous tenons beaucoup à associer ces deux points (temps hebdomadaire et effectifs) c’est que 24H à 30 élèves par classe sont bien plus fatigantes pour tous, élèves comme enseignants, que 26H à 24.

 

-          Une aide spécialisée qui pourrait s’articuler à l’intérieur comme à l’extérieur de la classe selon les besoins de l’enfant et le diagnostic de professionnels spécialisés et formés grâce au retour des RASED complets (maîtres E et G et psychologue scolaire) et au départ en formation des collègues volontaires

-         Un temps de décharge dès 2 classes pour les directeurs. L'arrêt des enquêtes, statistiques (ppre, pre, pai, rased, aide perso...) inutiles et fastidieuses à remplir

 

-           La suppression de l’Aide Personnalisée devenue inutile si l’aide se fait sur le temps de classe

 

-          La suppression des animations pédagogiques et leur remplacement par de la formation continue sur temps scolaire.

 

-          Une pause méridienne établie à 2h maximum

 

-          L’engagement de l’Etat aux côtés des collectivités pour un périscolaire de qualité partout. Nous proposons que l’Etat établisse un cahier des charges précis sur la contribution extra-scolaire des collectivités avec définition du niveau de formation des intervenants, du contenu des activités, du financement…Tant que cela ne sera pas réalisé, et tant que le périscolaire dépendra de la capacité de  financement de chaque commune, créant ainsi une inégalité territoriale inacceptable pour les défenseurs de l’école républicaine que nous sommes, nous préférerons garder nos élèves 26H par semaine plutôt que les laisser avec 24H et le transfert de 3H au mercredi, ainsi livrés à un périscolaire qui pourra aller du plus enrichissant à une simple garderie dans le préau (quand il y en a un !) ou dans la cour.

 

-          Un temps hors élèves de 36H (la 27e heure) pour les enseignants consacré aux  conseils d’école et de cycle compris dans le service

 

-          Un autre temps hors élèves rémunéré en heures supplémentaires (une sorte d’ISOE) pour le travail «  invisible » : conseils des maîtres indispensables  pour élaborer une cohérence des apprentissages, temps consacré au suivi et à l’orientation des élèves, rencontres avec les parents (RV individuels,   réunions de rentrée et de remise des bilans), rédaction de projets divers (avec les intervenants éventuels en EPS, musique, théâtre , arts plastiques, projets pour les classes transplantées) et le temps de plus en plus important consacré à l’autoformation au numérique.

Cela représente a minima 36H.

 

-           La suppression des remontées faites  à l’IEN sous forme de tableaux de décompte des heures qui dénotent un manque de confiance de la société envers les personnes à qui elle confie ses enfants…

 

-          La possibilité de dérogations aux communes ou circonscriptions souhaitant une organisation différente dans le respect de ce cadre (26H d’apprentissages, pause méridienne de 2H maximum) afin de ne pas condamner des dispositifs innovants et performants.

 

 Il va sans dire que tous ces points sont intimement liés et que des modifications ne portant que sur l’un des thèmes seraient non efficientes. 26 heures d’enseignement sans reconstruction d’une aide à la très grande difficulté, avec des effectifs et des programmes toujours aussi peu cohérents  ne résoudront pas les difficultés que rencontre notre école.

 

Ces propositions pourraient constituer un cadre provisoire à évaluer avant toute évolution notamment sur l’organisation des temps d’apprentissage et leur quantité hebdomadaire.

 

Nous aurions bien signé cette lettre de nos noms. Cependant, à l’heure où on évoque le fait qu’il ne faut pas nous « réprimer » (comme si nous avions commis la moindre action répréhensible) et à l’heure où les CRS lancent des gaz lacrymogènes rue de Grenelle sur des enseignants, parents, grands-parents d'élèves et animateurs désarmés dont certains accompagnés d'enfants, nous avons perdu la confiance qui nous aurait permis de le faire.

Cependant, bien sûr, nous serions ravis de vous exposer davantage nos idées et nos propositions, tout comme nous aimerions échanger autour de la refondation, indispensable, de l'école lors de concertations. 
Nous ne doutons pas qu'au cas où cette demande recevrait un avis favorable de votre part, vos services trouveraient un moyen de nous en informer.
Nous serions alors très heureux de sortir de l'anonymat dont certains profitent pour usurper l'appellation "Dindons" lors de certaines de leurs actions.( affiches détournées de la campagne de recrutement par exemple)

Avec nos salutations respectueuses,

                            Le collectif des dindons

 

Copies envoyées à : Monsieur le Président de la République

                               Monsieur le Premier Ministre

 

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Commentaires
P
La liste des députés est-elle accessible? Ce serait pour envoyer. Merci
M
Oui, la zone C est en vacances et il fait beau. Cela signifie peut être que la plupart des contributeurs habituels sont d'Ile de France ou du Sud-Ouest.
L
il y en a encore quelques uns mais beaucoup moins que d'habitude, c'est vrai ... je me pose aussi des questions ... ils sont tous dans la zone C , donc en vacances ?
M
il n'a a plus de commentaires depuis deux jours... est-ce normal ?
J
Et paf, une autre aberration (Le Monde) : nouvelle proposition votée invitant les enseignants à "intégrer les langues et cultures régionales dans leur enseignement afin d'en favoriser la transmission",... Ben voyons ! Bon, on est "invités", donc en principe,rien d'obligatoire, mais c'est énervant, au lieu d'alléger les programmes, non, il en rajoute,... <br /> <br /> <br /> <br /> Non, les langues et les cultures, dit comme ça, ce n'est pas à nous de les transmettre, je dirais même plus, on ne s'en occupe pas, car moi, dans ma banlieue parisienne, il y a 80 nationalités et pas autant de cultures, mais beaucoup de cultures et traditions et c'est au sein des familles de les transmettre, non mais ! Alors au nom de quelle égalité devrais-je enseigner le breton et les danses bretonnes et pas le chinois et tai chi ?...Chez nous, en banlieue parisienne mais ailleurs aussi, on parlerait de langues et cultures internationales, et celles-là, il faut les oublier ? <br /> <br /> <br /> <br /> Evidemment, il faut les oublier : LES : c'est le breton, le corse, le basque, le mandarin, le cantonais, le tamoul, l'arabe, l'urdu, le bengladais, le roumain, le polonais, et le reste,... Tout ça, ben c'est en dehors de l'école,... Ben ça peut-être le péri-scolaire, avec aucune obligation pour les enfants ! Mais pas nous, on ne doit pas s'éparpiller<br /> <br /> <br /> <br /> EDUCATION NATIONALE : VP sait-il ce que ça veut dire ?...
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  • Pour la refondation de l'école, on ne nous demande pas notre avis... tant pis, nous , enseignants de l'école primaire on le donne quand même. Sur cette page, vous trouverez des articles parlant de la refondation, des liens, des avis, des actions...
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