La vérité vraie sur le salaire des instits…
Par Dindon 26
Mais combien gagnent les enseignants ? Les rumeurs vont bon train… Si pour une fois, on vous donnait les bons chiffres .
1657€ pour un enseignant débutant
Ceci est valable pour les enseignants recrutés à bac+5 (depuis 3 ans). Ceux qui ont été recrutés avant ont débuté leur carrière entre 1200 et 1300€ (dans les 10 dernières années).
Lorsque l’ancien Ministre de l'Éducation, M. Chatel, criait sur tous les toits qu’il revalorisait les salaires des enseignants, il oubliait de préciser que :
- en augmentant le niveau de recrutement des instits (bac+5 à la place de bac+3) il était tout à fait normal que les nouveaux recrutés aient un salaire à la hauteur de leur diplôme (et encore cela reste sous-payé par rapport au niveau d’étude quand on compare avec le privé !) .
- que certes les débutants étaient revalorisés mais recrutés sans formation , formation qui avant étaient payée donc 2 ans d'étude en plus pour les nouveaux enseignants et 1 an de formation rémunérée en moins . De belles économies malgré tout pour le gouvernement.
- il ne revalorisait que les enseignants débutants, ainsi des enseignants avec 12 ans d’ancienneté gagnent à peine plus que les débutants
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Salaire |
Débutant |
1666€ |
après 10 ans |
1850€ (de 1805 à 1913€) |
Fin de carrière (salaire maximum) |
2543€ 3026€ pour ceux qui ont la chance d’être promu à la hors classe (pour cela il faut faire partie des heureux 2% qui sont choisis l'année où on est promouvable : c'est à dire tous les 3 à 4 ans, après 15 ans d'ancienneté... c'est compliqué!)
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Les primes ? Quelles primes ?
Quand notre Ministre parle de « 1700€ plus les primes », on croit comprendre que les salaires réels de tous les enseignants doivent être bonifiés chaque mois !
En réalité, très peu de profs des écoles touchent des primes : les directeurs (108€), les enseignants spécialisés (129€), les enseignants en ZEP (96€). Donc la somme inscrite sur la fiche de paye chaque mois est fixe, presque immuable, sans primes, sans 13e mois…
Immuable, sauf quand il s’agit de baisser notre salaire ! Hausse de la CSG l’année dernière, hausse des cotisations retraite en novembre, à chaque fois, ce sont des euros en moins sur nos salaires.
Les avantages qu’on a… et ceux qu’on n’a pas…
Oui, les instits ont la sécurité de l’emploi… beaucoup de vacances, aussi…
Mais pas de primes d’intéressement, pas de 13e mois, pas de mutuelle, pas de tickets restos…
Pas de matériel pour travailler non plus : bien souvent, on paye nous-mêmes nos fournitures, nos cartouches d’encre, nos ramettes de papier, nos livres pédagogiques… On achète aussi régulièrement des albums, des jeux, du matériel pour nos classes, quand les budgets sont épuisés ou que les mairies ne traitent pas avec le fournisseur concerné…
Nous avons droit à une visite médicale par an, comme tous les travailleurs. MAIS... dans l'Education Nationale, il n'y a pas de médecine du travail, donc pas de visite... Comment peut-on trouver ça logique dans un métier où on est au contact des enfants en permanence?
Et pour mettre définitivement un terme à une légende qui à la peau dure : quand nous faisons grève, nous ne sommes pas payés! Merci Mr l'ex-ex-ex Minsitre de l'Education d'avoir fait croire le contraire aux gens...
Et ailleurs ?
L’OCDE a publié en septembre 2012 ses « Regards sur l’éducation 2012 », une étude des systèmes éducatifs d’une trentaine de pays.
(voir la synthèse ici : http://www.oecd.org/edu/EAG2012%20-%20Country%20note%20-%20France%20(FR).pdf )
Un instit français donne 918 heures de cours par an, largement plus que la moyenne de l’OCDE, 782 heures. Seuls 4 pays font travailler leurs instits davantage que la France.
Le nombre d’élèves par instit est plus élevé en France que la moyenne des pays de l’OCDE (18,7 contre 15.8 en élémentaire, 21,5 contre 14.4 en maternelle).
Le salaire annuel d’un instit français est nettement inférieur (entre 13 et 15%) à la moyenne de l’OCDE, que ce soit en début de carrière ou au bout de 15 ans.
D’après Mr Peillon, les enseignants ne demandent pas une revalorisation salariale, mais plutôt une revalorisation de la reconnaissance qu’on leur porte… Soit… Mais il ne faudrait pas non plus faire baisser encore plus notre pouvoir d’achat en ne tenant pas compte des conséquences financières des réformes !
Une refondation, oui ! Mais pas au mépris de l’avis (la vie) des enseignants…