Réformes des Rythmes ou petites inégalités en famille ...
Ce témoignage a été envoyé par une collègue et maman par mail.
Je suis comme vous depuis plusieurs semaines, ulcérée par ce que j’entends à notre sujet, agacée par les remarques sans originalité de la plupart des médias, décontenancée par les parents d’élèves qui répondent au sondage des écoles sans forcément penser au bien-être de leur enfant comme on nous demande de le faire.
Je suis allée dans la rue, comme beaucoup d’entre vous, manifester mes inquiétudes, mon questionnement, mon incompréhension concernant cette réforme dont je ne veux pas, pas parce qu’elle me privera de « mon » mercredi, je n’en veux pas pour mes enfants, je n’en veux pas pour nos élèves, parce qu’elle va accentuer les inégalités déjà présentes entre les villes et villages de France, entre les écoles d’une même ville, entre les enfants d’une même école, et maintenant, entre les enfants d’une même fratrie… celle de mes enfants, celle des enfants de leur école !
Ils sont scolarisés dans une école de village, 4 classes de la PS au CM2, dans une ancienne ferme réhabilitée, avec un préfabriqué dans la cour de l’école. Il y a encore quelques semaines, 3 services de cantine étaient organisés entre 11h15 et 13h45, faute de locaux pour pouvoir accueillir les enfants sur 2 services. On pouvait donc déjà légitimement se poser la question de l’accueil des enfants sur le temps de pause supplémentaire préconisé par la réforme…
Puis, il y a quelques jours, suite à l’éventualité évoquée de l’ouverture conditionnelle d’une cinquième classe dans l’école, la mairie nous fait parvenir un courrier concernant l’élaboration d’une convention de RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal) avec le village voisin. Bonne nouvelle dans l’absolu, des classes moins chargées, des niveaux moins lourds à gérer pour les enseignants (GS/CM1 entre autres), de la place pour plus d’enfants à la cantine, avec moins d’attente ! Que du bonheur ! Sauf que non …
Non, parce que le village A a repoussé l’application de la réforme à la rentrée 2014, et le village B l’adoptera dès la rentrée 2013… Un de mes enfants sera scolarisé dans le village A et l’autre dans le village B. Un de mes enfants aura école le mercredi (ou le samedi), et l’autre non. Il n’y en a pas un au collège et un en primaire, non, ils sont dans la même école ! Oui, je sais, d’aucuns diront que cette situation n’est que transitoire, qu’ensuite, ils seront les mêmes jours à l’école et qu’ils participeront aux mêmes enrichissantes activités proposées par les mairies sur le temps supplémentaire… Personne ne peut l’assurer, d’autant que les 2 sites ne disposent pas des mêmes structures d’accueil !
Que l’on m’explique alors, à moi, et aux autres parents, comment gérer cette situation dans notre organisation familiale, ou tout simplement comment l’expliquer à nos enfants, tout en restant polis ?
Ah pardon, je sais, il faut s’adapter, accepter d’évoluer, cette refondation se veut très souple, à nous de trouver des solutions pour qu’elle s’engage le mieux possible, rencontrons-nous, partageons nos idées entre mairies, parents, enseignants… ou comment se décharger de ses responsabilités quand on n’a pas penser aux conséquences de son décret ! Vraiment, c’est grotesque… ou absurde, j’hésite !!
Comment peut-on décemment faire croire aux familles, aux enseignants, que cette refondation place l’enfant au centre des préoccupations de l’Education Nationale, si les têtes pensantes (?) de ce ministère n’ont pas pris en compte, entre beaucoup d’autres, les enfants des villages A et B de France ! Pour information, nous vivons à… 30 minutes de Paris…
Je vais positiver (peut-être que c’est possible en fermant les yeux très fort !), en me disant que
M. le Ministre de l’Education Nationale m’offre là, la chance de participer à une expérience dont je pourrais témoigner des résultats, ayant, à domicile, 2 sujets d’expérimentation : un élève présent à l’école durant 4 jours et demi avec des temps de pause rallongés et un élève présent 4 jours par semaine. L’un sera t-il plus fatigué que l’autre ? L’autre sera t-il plus épanoui sur le plan culturel que l’un ? L’un sera t-il plus ou moins en échec scolaire que l’autre ?
Vraiment, j’ai hâte…
Un dindon abattu, mais pas encore mort…